Ce n’est pas parce qu’on se dit “pro-lapin” qu’on agit réellement dans leur intérêt
- Clapier Des Lucioles

- 24 juin
- 3 min de lecture
Au Québec, la situation des lapins reste largement méconnue, y compris au sein des milieux qui se disent engagés pour leur protection. Et parfois, ce sont ces mêmes milieux qui, par leurs actions ou leurs silences, alimentent les problématiques qu’ils prétendent dénoncer.
Prenons un exemple concret : un élevage de lapins qui possède une petite boutique en ligne. Ce n’est pas une information cachée, le lien entre l’élevage et la boutique est clair, direct et assumé. Malgré cela, des personnes influentes dans le monde du refuge au Québec, attribuent publiquement des évaluations cinq étoiles à cette boutique, et en font même la promotion en disant qu’ils sont très professionnels.
Comment parler de cohérence, dans ce contexte ? Comment accorder de la crédibilité à un mouvement quand, dans le même souffle, on dénonce les éleveurs, mais qu’on soutient activement ceux qui opèrent dans l’ombre de structures pseudo-commerciales ?
On voit également des partages d’articles de blogue publiés par la plus grosse usine à lapins du Québec, une entreprise qui produit des portées à la chaîne, envoie des bébés en animalerie dès l’âge de 4 semaines, et croise les races sans aucun suivi. On parle ici d’un acteur central dans la surproduction, l’abandon et la banalisation du lapin jetable. Et pourtant, ces contenus sont relayés sans distance critique, comme s’ils provenaient d’une source crédible.
Même sur des sujets de base, comme l’identification des races, on observe une désinformation constante. Des lapins tête de lion sont décrits comme des angoras. Des lapins avec une couronne de poils sont identifiés comme des béliers hollandais. Pourtant, il existe à peine une poignée de races réellement présentes en grand nombre au Québec : Bélier hollandais, Nain néerlandais, tête de lion, Mini Rex, parfois Hollandais. Ce ne sont pas des races rares ou difficiles à identifier. Ne pas les reconnaître, c’est de ne jamais avoir voulu se renseigner sur ce qui se passe réellement sur le terrain, niveau éleveur.
C’est choisir de rester dans une posture confortable, sans prendre la peine d’écouter, de comparer, ou même simplement d’observer les pratiques actuelles dans les élevages responsables. C’est ignorer les différences fondamentales entre un élevage structuré, transparent, soucieux du bien-être, et une production massive déguisée derrière une vitrine attirante.
Quand on prétend défendre une espèce, on a la responsabilité de s’informer correctement. De se demander pourquoi certains lapins finissent abandonnés en aussi grand nombre, et d’oser reconnaître que certaines pratiques, promues par ceux qu’on refuse de remettre en question, y contribuent directement.
Refuser de se renseigner sur le terrain, c’est entretenir un discours qui fait du tort aux éleveurs sérieux, aux familles qui cherchent un compagnon bien préparé… et aux lapins eux-mêmes.
Et je parle en connaissance de cause. J’ai moi-même bloqué par le passé une personne bien connue du milieu refuge, parce que je connais de l’intérieur les dynamiques et les incohérences de ce milieu, pour y avoir été. J’ai fini par la débloquer, non pas pour renouer un lien, mais par précaution, dans le cas où un jour l’un de mes lapins se retrouverait dans ce refuge. Il n’aura fallu que quelques jours pour attirer son attention : je me suis fait interpeller sur un ton hautain, avec un « Castré à 8 semaines ? Impossible. », comme si un éleveur ne pouvait pas sérieusement prendre des décisions réfléchies pour le bien-être de ses animaux.
Avant qu’ils puissent eux-mêmes examiner un de mes lapins castré à huit semaines, leur discours était clair : ce n’était, selon eux, qu’un argument de vente, une escroquerie bien emballée pour mieux convaincre les adoptants. J’étais décrit comme un manipulateur, quelqu’un à surveiller, et mes pratiques étaient jugées impossibles, sans jamais chercher à vérifier quoi que ce soit.
Et pourtant, après avoir vu l’un de mes lapins en personne, stérilisé et en parfaite santé, le ton a changé du tout au tout. Je suis aujourd’hui décrit par ce même milieu comme un éleveur responsable. Ce revirement est révélateur : on passe d’une méfiance ouverte et publique à une reconnaissance discrète… uniquement parce qu’ils n’ont plus pu nier les faits.
Mais combien de gens, entre-temps, se sont fait dire, de façon fallacieuse, que j’étais une mauvaise personne ? Combien de fois mon nom a-t-il été traîné dans la boue, combien de fois ai-je été ouvertement diffamé ? Tout ça pour qu’on finisse par admettre, du bout des lèvres, que mon élevage est responsable.
Ce n’est pas un besoin de reconnaissance. C’est un rappel que la réputation d’une personne peut être salie pendant des années par des propos infondés, relayés sans preuve, simplement parce qu’elle ose faire les choses autrement. Parce qu’elle dérange un système qui ne supporte pas qu’un éleveur puisse faire mieux que ce qu’on attend de lui.
Et tant qu’on tolère ce genre de comportements, tant qu’on accepte que des accusations soient lancées sans vérification, c’est la crédibilité de tout un milieu, et le bien-être des lapins, qui en souffrent.







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