Comment bien choisir son vétérinaire pour lapin au Québec
- Clapier Des Lucioles

- 5 juil.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 juil.
Tous les vétérinaires ne sont pas égaux lorsqu’il est question de soigner des NAC (nouveaux animaux de compagnie) comme les lapins. Un diagnostic posé à la légère, sans examen ou sans connaissances spécifiques, peut entraîner des erreurs graves, voire irréversibles. Si tu as un lapin, voici ce qu’il faut vérifier avant de faire confiance à un professionnel.
1. Vérifie ses compétences en NAC
Un vétérinaire compétent en NAC ne se contente pas de dire qu’il “voit des lapins à l’occasion”. Il connaît l’anatomie des lagomorphes, leurs maladies spécifiques, leurs réactions aux médicaments, et surtout leurs signes cliniques souvent subtils. Idéalement, il suit des formations continues, consulte régulièrement des cas NAC et dispose de l’équipement nécessaire (microscope, radiographie adaptée, anesthésie sécuritaire pour petits animaux, etc.).
Si ton vétérinaire est incapable de différencier les sexes à huit semaines, ne connaît pas la coccidiose chez le lapin ou ne sait pas qu’un lapin de 6 mois n’a pas l’air d’un bébé de 8 semaines, c’est un mauvais signe.
2. Le diagnostic ne devrait jamais reposer uniquement sur l’apparence
Un vétérinaire ne peut pas diagnostiquer sans examen. Un minimum d’observation clinique, de palpation, voire de tests est essentiel. S’il t’assure qu’il “voit ça souvent” et saute directement au traitement sans rien vérifier, tu es en droit de poser des questions, voire de consulter ailleurs.
3. Les traitements doivent être adaptés à l’espèce
Les lapins ne sont pas de petits chiens. Certains médicaments leur sont toxiques. D’autres sont utilisés, mais à des doses spécifiques ou pour des indications différentes que chez d’autres espèces. Un vétérinaire compétent ne se contente pas de prescrire ce qu’il connaît : il s’informe, il adapte, il explique.
Exemples concrets de mauvais diagnostics
Ces situations, bien réelles, illustrent à quel point un manque de rigueur ou de connaissances peut compromettre la santé d’un animal.
Lapine supposément âgée de 8 semaines… en réalité adulte et gestante
Une lapine est vendue en animalerie comme ayant 8 semaines. En réalité, elle a environ 6 mois et est gestante. Peu après l’adoption, elle commence à perdre du sang. Le vétérinaire, se fiant uniquement à l’information de l’animalerie, pose un diagnostic d’infection urinaire et prescrit des antibiotiques.
Il ne palpe pas le ventre, ne vérifie pas les parties génitales, ne remet pas en doute l’âge mentionné. Pourtant, un examen physique aurait permis de constater que le lapin était sexuellement mature : développement des organes génitaux, vulve bien formée, présence de mamelles, taille du bassin. Deux jours plus tard, la lapine accouche. Le diagnostic d’infection était complètement à côté de la plaque.
Split penis diagnostiqué comme hermaphrodisme
Un jeune lapin mâle présente une séparation visible au niveau du pénis, une variation anatomique connue. Le vétérinaire affirme qu’il s’agit d’un hermaphrodite, sans faire d’examen plus poussé ni même vérifier les testicules. Mauvaise interprétation anatomique, qui aurait pu mener à une décision de stérilisation inutile ou à des inquiétudes injustifiées chez le propriétaire.
Croûtes humides = syphilis, sans test
Un lapin présente des croûtes humides sur le nez. Le vétérinaire refuse de faire un prélèvement et diagnostique à l’œil une syphilis, sans test de confirmation. Trois semaines de traitement à la pénicilline plus tard, aucun changement. Le propriétaire se rend alors compte que le diagnostic n’a jamais été fondé sur autre chose qu’une impression.
Amprolium : un produit “pour les poules”
Un jeune lapin reçoit un traitement préventif à base d’amprolium (Amprol) avant de quitter l’élevage, afin de réduire les risques liés à la coccidiose, une pratique reconnue en prévention chez les lapereaux. Lors d’un examen de routine, le vétérinaire remet en question ce protocole, affirmant que l’Amprol est un médicament destiné uniquement aux poules et que le traitement devrait durer trois semaines.
Cette affirmation est incorrecte à deux niveaux. D’abord, l’amprolium est bel et bien utilisé chez les lapins, tant en prévention qu’en traitement, à des dosages et durées adaptés à chaque situation. Ensuite, la durée de trois semaines correspond à un traitement curatif en cas de coccidiose déclarée, ce qui n’était pas le cas ici. En prévention, la durée est généralement plus courte et ajustée au poids du lapereau.
Lapine de 8 semaines sexée deux fois… et deux fois mal
Une lapine est présentée à un vétérinaire pour vérification du sexe. Le professionnel, incertain, demande l’avis d’un collègue. Tous deux concluent qu’il s’agit d’un mâle. L’erreur de sexage peut entraîner des cohabitations risquées ou des gestations non désirées.
C’était bien une femelle, stérilisée comme telle quelques semaines plus tard.
Yeux violets ? E. cuniculi, évidemment
Un lapin présente une teinte particulière dans les yeux, souvent décrite comme “purple eyes”. Cette apparence est généralement causée par l’irisation normale de certaines couleurs d’iris chez les jeunes lapins ou certaines lignées. Il ne s’agit ni d’une pathologie ni d’un symptôme.
Malgré l’absence de tout autre signe clinique, un vétérinaire diagnostique immédiatement une infection à Encephalitozoon cuniculi et prescrit un traitement antiparasitaire de plusieurs semaines, sans recommandation d’examens complémentaires. Le traitement était non seulement inutile, mais potentiellement nocif.
Diagnostic à distance : une “pasteurellose” qui n’en était pas une
Un lapin présente une respiration laborieuse, mais sans écoulement nasal ni toux. Une consultation virtuelle est organisée : le vétérinaire diagnostique une pasteurellose et prescrit des antibiotiques.
En réalité, le lapin souffrait d’un blocage sévère de l’estomac. L’essoufflement provenait de la pression abdominale sur le diaphragme. L’absence d’examen physique a retardé le traitement adéquat, et l’animal est décédé quelques heures plus tard.
Diagnostic flou de porphyrie après avoir annoncé une insuffisance rénale terminale
Une lapine non stérilisée présente plusieurs symptômes (malpropreté, perte d’appétit, irritabilité). Les diagnostics se succèdent : coccidiose, EC, insuffisance rénale terminale, puis porphyrie, sans qu’aucun test ne soit jamais fait. Le rapport final est un copier-coller non signé.
La stérilisation, pourtant indiquée, n’a jamais été proposée. Le problème hormonal, probable, n’a jamais été traité. Ce cas illustre comment des diagnostics “exotiques” émergent parfois lorsque les gestes de base sont ignorés.
Une vétérinaire insultée qu’on vérifie la compatibilité d’un médicament
Une propriétaire demande si le médicament prescrit est sécuritaire pour les lapins. La vétérinaire s’offusque et réagit froidement. Même réaction lorsque la propriétaire refuse une hospitalisation coûteuse. Dans certaines cliniques appartenant à de grands regroupements, où les vétérinaires sont rémunérés en partie à la commission, cette dynamique peut créer une pression qui brouille la frontière entre intérêt médical et intérêt financier.
Crottes minuscules chez un lapin de 12 lb = “normal”
Un lapin géant de 12 lb produit des crottes minuscules — plus petites que celles d’un nain néerlandais. Signe évident de ralentissement de transit, mais la vétérinaire juge cela “normal” et ajoute :
“Ah je sais pas, je ne connais pas les gros lapins.”
Cette remarque vient d’une clinique qui se présente comme spécialisée en animaux exotiques. L’absence de réaction appropriée a eu des conséquences dramatiques : la lapine est morte quelques minutes plus tard, au comptoir de la réception.
Mâle adulte non castré sexé comme femelle
Dans la même clinique, un propriétaire amène un lapin adulte non castré pour vérification du sexe. La vétérinaire affirme qu’il s’agit d’une femelle, alors que les testicules sont visibles. La propriétaire, confuse, prend même une photo des parties génitales pour montrer l’évidence. Cette erreur souligne l’importance de choisir un vétérinaire réellement formé en NAC, même lorsque la clinique se présente comme spécialisée.
D’autres cas fréquents
D’autres témoignages soulignent des erreurs courantes :
Extraction dentaire inutile : un lapin vivait bien avec des parages réguliers, mais une extraction radicale a compromis son alimentation et entraîné son décès.
Diagnostic “à la chaîne” : certains propriétaires reçoivent une liste de problèmes imaginaires lors d’une simple visite de contrôle, entraînant des traitements inutiles.
Urgences digestives minimisées : des ralentissements de transit sont parfois jugés “pas graves”, alors qu’ils nécessitent une prise en charge immédiate.
Stérilisation méconnue : certains vétérinaires sous-estiment encore son rôle dans la prévention des troubles hormonaux et urinaires.
Que faire si tu doutes d’un diagnostic ?
Pose des questions : demande pourquoi tel médicament, tel dosage, ou tel examen.
Demande des tests : analyses, radiographies ou palpations peuvent confirmer (ou infirmer) un diagnostic.
Note les signes : prends en photo ou note la fréquence des crottes, l’appétit, le comportement.
Consulte ailleurs : un second avis peut sauver une vie, surtout si les symptômes s’aggravent ou ne s’expliquent pas.
En conclusion
Choisir un vétérinaire NAC, ce n’est pas simplement choisir le plus proche. C’est s’assurer que ce professionnel connaît bien l’espèce, prend le temps d’examiner l’animal, adapte ses traitements, accepte de dire “je ne sais pas”, et surtout ne fait pas de raccourcis cliniques.
Si quelque chose te semble douteux, tu as parfaitement le droit de poser des questions, de demander un deuxième avis ou de consulter ailleurs. La santé de ton animal mérite plus que des suppositions.







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