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L’usure naturelle des dents chez le lapin

  • Photo du rédacteur: Clapier Des Lucioles
    Clapier Des Lucioles
  • 17 juin
  • 3 min de lecture

Le lapin domestique (Oryctolagus cuniculus) possède une dentition hypsodonte (à croissance continue) et arrodontique (sans racines fermées). Cela signifie que ses dents poussent en permanence tout au long de sa vie. Pour rester fonctionnelles, ces dents doivent s’user naturellement à un rythme équivalent à leur croissance. Toute perturbation de cet équilibre peut entraîner une malocclusion dentaire, soit une mauvaise usure ou un mauvais alignement des dents, avec des conséquences sérieuses sur la santé du lapin.





L’usure dentaire naturelle : un processus actif



Contrairement à une idée largement répandue, le foin n’est pas la seule chose qui use les dents chez le lapin. En réalité, toute forme de mastication contribue à l’usure des dents : granulés, herbes fraîches, feuillages, légumes fibreux et bien sûr, foin de bonne qualité.


L’usure provient principalement :


  • Du frottement entre les dents antagonistes (incisives, prémolaires, molaires) lors des mouvements latéraux de la mâchoire ;

  • De la mastication prolongée d’aliments riches en fibres abrasives (ex. silice végétale dans les graminées).



Les incisives poussent d’environ 2 à 2,4 mm par semaine, tandis que les dents jugales (prémolaires et molaires) poussent aussi en continu, quoique plus lentement.


Le type de mastication est plus important que la dureté de l’aliment (Verstraete et al., 2016). Ainsi, des granulés compressés avec des fibres longues sont plus bénéfiques que des légumes tendres ou des granulés en poudre.





Causes de mauvaise usure ou malocclusion




1. Prédispositions génétiques (sans brachycéphalie vraie)



Certaines races ont été sélectionnées pour une tête courte, large ou globuleuse, ce qui peut perturber légèrement l’alignement naturel des arcades dentaires, sans pour autant relever d’une brachycéphalie au sens médical strict.


Par exemple, chez certains Béliers nains ou Nains néerlandais, des lignées axées sur l’esthétique (crâne arrondi, museau court, yeux proéminents) peuvent présenter :


  • Une rétrognathie (mâchoire inférieure trop courte) ;

  • Une divergence des arcades, empêchant un contact optimal des molaires.



Ces légères anomalies de conformation suffisent à perturber l’usure régulière des dents chez certains individus. Ces races ne sont pas brachycéphales au sens vétérinaire strict, mais certaines lignées peuvent montrer des traits qui augmentent le risque de malocclusion.



2. Alimentation inadéquate



Un régime pauvre en fibres longues ou trop riche en aliments mous compromet la mastication latérale :


  • Granulés moulus ou pâteux : très faciles à avaler, sans mastication ;

  • Légumes tendres ou fruits : peu abrasifs, vite ingérés ;

  • Absence de foin ou d’herbes longues : la mastication est moins fréquente et moins ample.



C’est donc le manque de mastication fonctionnelle qui est en cause, et non simplement l’absence de foin. Le foin reste un outil précieux, mais non exclusif.



3. Traumatismes ou infections dentaires



Une fracture dentaire, un abcès ou une blessure buccale peut créer un déséquilibre de mastication. Le lapin cesse alors d’utiliser une partie de sa mâchoire, ce qui entraîne une usure inégale et l’apparition de pointes dentaires (spicules) douloureuses.



4. Mastication unilatérale chronique



Si un côté est douloureux, le lapin mâchera uniquement de l’autre côté. Ce déséquilibre crée une surusure d’un côté et une pousse excessive compensatoire de l’autre, aggravant la malocclusion.



5. Facteurs métaboliques ou dégénératifs



Des troubles comme :


  • la carence en vitamine D ;

  • une ostéodystrophie du crâne liée à l’âge ou à la génétique ;

  • des déséquilibres calciques chroniques



peuvent modifier la stabilité osseuse autour des racines dentaires et favoriser des déplacements progressifs des dents.





Conséquences possibles



  • Amaigrissement progressif

  • Refus de manger certains aliments

  • Salivation excessive

  • Blessures dans la bouche ou sur la langue

  • Apparition d’abcès dentaires ou nasaux

  • Stase digestive, cæcotrophes non consommés






Prévention et bonnes pratiques



  • Fournir du foin à volonté, mais aussi des aliments qui favorisent une mastication active : herbes fraîches, feuillages, granulés à fibres longues

  • Éviter les régimes exclusivement mous ou liquides

  • Observer la symétrie des mouvements de mastication

  • Faire examiner les dents régulièrement chez un vétérinaire formé en NAC (tous les 6 à 12 mois)

  • Intervenir tôt en cas de perte de poids, salivation ou tri alimentaire






Références scientifiques



  • Meredith, A. & Redrobe, S. (2010). BSAVA Manual of Rabbit Medicine. British Small Animal Veterinary Association.

  • Verstraete, F.J.M., Osofsky, A., & Arzi, B. (2016). Oral and Dental Disease in Rabbits. Veterinary Clinics of North America: Exotic Animal Practice.

  • Harcourt-Brown, F. (2002). Textbook of Rabbit Medicine. Butterworth-Heinemann.

  • Halls, K.E. (2021). Dental Disease in Rabbits: Pathophysiology and Treatment. In Exotic Animal Formulary, Carpenter & Marion.


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