La superfétation chez la lapine : mythe ou réalité?
- Clapier Des Lucioles
- 16 mars
- 2 min de lecture
La superfétation, soit la fécondation et le développement simultané de deux portées à des stades différents, est un phénomène bien documenté chez certaines espèces. Mais qu’en est-il de la lapine domestique (Oryctolagus cuniculus) ? Peut-elle réellement être gestante de deux portées distinctes à la fois ? Cet article explore les bases biologiques de la reproduction du lapin et examine la question de la superfétation.
Comprendre la reproduction chez la lapine
La lapine est une espèce à ovulation induite, ce qui signifie que l’ovulation ne se produit qu’après un accouplement. Son cycle reproductif est donc fortement influencé par la copulation. La gestation dure en moyenne 31 jours, au terme desquels la femelle met bas une portée de 1 à 12 lapereaux.
Une caractéristique remarquable du système reproducteur de la lapine est la présence d’un utérus duplex. Contrairement à l’utérus simplex (chez les primates) ou bicorne (chez les chiens et chats), l’utérus duplex est constitué de deux cornes utérines séparées, chacune ayant son propre col de l’utérus. Cette particularité anatomique alimente l’idée qu’une lapine pourrait porter simultanément deux portées distinctes fécondées à des moments différents.
La superfétation est-elle possible chez la lapine ?
La superfétation vraie implique qu’une femelle déjà gestante ovule à nouveau, qu’un second accouplement féconde ces nouveaux ovules, et que l’embryon s’implante et se développe parallèlement à la première gestation. Chez la plupart des mammifères, ce phénomène est rare, car des mécanismes hormonaux empêchent une nouvelle ovulation pendant la gestation.
Dans le cas de la lapine, plusieurs éléments biologiques rendent la superfétation improbable :
L’effet de la progestérone : Après la fécondation, la production de progestérone inhibe toute nouvelle ovulation jusqu’à la mise bas.
L’absence d’implantation différée : Contrairement à certaines espèces capables de diapause embryonnaire (comme le chevreuil ou certaines mustélidés), la lapine ne présente pas ce mécanisme.
La physiologie de l’utérus duplex : Bien qu’il soit anatomiquement possible que deux gestations coexistent dans chaque corne utérine, les hormones de la première grossesse bloquent toute nouvelle implantation.
Alors, d’où vient le mythe de la superfétation chez la lapine ?
Plusieurs observations peuvent être à l’origine de cette croyance :
Accouplement post-partum : Une lapine peut être fécondée immédiatement après la mise bas, donnant naissance à une seconde portée environ un mois après la première. Cette succession rapide de mises bas peut être interprétée à tort comme une superfétation.
Mise bas prématurée et nouvelles gestations : Si une première portée est résorbée ou partiellement avortée, la lapine peut être à nouveau fécondée peu après.
Gestations multiples en élevage : Dans les élevages, une mauvaise gestion des accouplements peut donner l’illusion d’une gestation double si une lapine est saillie à plusieurs reprises sans suivi rigoureux.
D’un point de vue scientifique, la superfétation chez la lapine semble hautement improbable en raison des mécanismes hormonaux qui régulent son cycle reproductif. Les observations qui pourraient suggérer ce phénomène s’expliquent généralement par d’autres facteurs, comme une fécondation rapide après mise bas ou des erreurs d’identification en élevage. Ainsi, la notion de superfétation chez la lapine relève davantage du mythe que d’une réalité biologique avérée.

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