Lapereaux vendus trop jeunes: une pratique irresponsable aux lourdes conséquences
- Clapier Des Lucioles

- 5 déc. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 déc. 2024
Le sevrage des lapereaux est une étape clé dans leur développement. Pourtant, il arrive trop souvent que des animaleries, boutiques ou certains éleveurs vendent des lapereaux bien avant l’âge approprié, parfois dès 4 semaines et demie. Cette pratique, motivée par des considérations économiques et logistiques, soulève de sérieuses questions éthiques et de bien-être animal.
Le sevrage : une étape fondamentale pour la santé et le comportement des lapereaux
Le sevrage complet des lapereaux ne survient qu'à 8 semaines. Avant cet âge, leur système digestif et leur système immunitaire sont encore immatures, et ils dépendent encore du lait de leur mère pour obtenir les nutriments et les anticorps nécessaires à leur développement.
Les risques associés à un sevrage précoce :
Problèmes digestifs graves : Un lapereau sevré trop tôt est à haut risque de diarrhée, une condition souvent fatale pour les jeunes lapins. Leur flore intestinale n’est pas encore stabilisée, rendant leur digestion fragile.
Affaiblissement du système immunitaire : Privés du lait maternel trop tôt, ils sont plus vulnérables aux infections.
Problèmes de comportement : Le temps passé avec leur mère et leur fratrie leur permet d’apprendre les bases du comportement social et de la gestion du stress. Un sevrage prématuré peut conduire à des lapins anxieux, peureux ou agressifs.
Un choix souvent motivé par des excuses et des pratiques douteuses
Certains éleveurs avancent que les mères commencent à « attaquer » leurs petits vers 4 à 6 semaines, justifiant ainsi leur séparation prématurée. Toutefois, ce comportement agressif est souvent le signe de stress ou d’épuisement chez la lapine. Cela reflète un problème de gestion de l’élevage plutôt qu’un comportement naturel.
Pourquoi ce problème survient-il ?
Lapines reproduites trop fréquemment : Certaines femelles sont mises à la reproduction de manière répétée et rapprochée, ne leur laissant pas le temps de récupérer physiquement et mentalement entre les portées. Savez-vous qu'une lapine peut être accouplée dès qu'elle donne naissance à ses lapereaux, et peut s'occuper d'une portée tout en étant enceinte? Pour certains élevages peu scrupuleux, cela leur permet de tirer profit de jusqu'à 10 portées par année d'une seule lapine.
Manque de sélection génétique et comportementale : Les lapines au tempérament instable ou agressif ne devraient pas être reproduites. Pourtant, cette considération est souvent ignorée dans des élevages axés sur la rentabilité.
Pression pour faire de la place : Séparer les bébés prématurément permet aux éleveurs de préparer la prochaine portée, au détriment de la santé des mères et des petits.
Il est possible qu’une mère attaque ses bébés alors que c’est sa première portée et que les points précédents ne la concerne pas. Cependant la chose à faire est de retirer cette lapine du programme d’élevage, car si elle est violente avec ses bébés, les chances que son tempérament s’améliore avec la suivante ne sont pas très élevées.
Si on doit séparer une mère de ses bébés lorsqu’ils ont 5 semaines, est-ce que ça veut dire qu’ils peuvent être vendus aussitôt? Bien sûr que non. Ils peuvent (et doivent) rester ensemble jusqu’à leur sevrage, à 8 semaines, afin d’apprendre à communiquer entre eux. Imaginez le stress si leur mère les a attaqué réellement, de devoir se sauver d’elle et peut-être avoir des blessures, puis vivre le stress aussitôt de changer de famille. Les conséquences d’un stress profond chez les lapereaux peut apparaître jusqu’à 10 jours plus tard, sous forme de diarrhée. Ils courent donc la chance de décéder chez leur adoptant.
Les conséquences pour les adoptants
Acheter un lapereau non sevré peut sembler attendrissant au premier abord, mais cela implique souvent des défis majeurs pour les adoptants :
Frais vétérinaires élevés : Les complications liées au sevrage précoce, comme les problèmes digestifs ou immunitaires, nécessitent des soins coûteux.
Lapins plus difficiles à gérer : Un lapereau mal socialisé peut développer des comportements indésirables, rendant la relation avec son propriétaire plus complexe.
Sentiment d’impuissance : Voir un jeune lapin souffrir ou succomber à des problèmes évitables est une expérience dévastatrice pour toute personne bien intentionnée.
Un appel à l’éthique : penser avant tout au bien-être animal
Pour éviter ces pratiques préjudiciables, il est essentiel que les éleveurs, les animaleries et les adoptants prennent leurs responsabilités :
Les éleveurs : La priorité doit être donnée à la santé et au bien-être des lapins. Cela implique de respecter les besoins des mères et des petits, d’attendre un sevrage complet avant la vente, et de sélectionner les reproducteurs en fonction de leur comportement stable et adapté.
Les animaleries : Elles devraient s’engager à ne pas vendre de lapins âgés de moins de 8 semaines, et dans le meilleur des mondes, s'abstenir de vendre des animaux.
Les adoptants : Informez-vous sur les besoins des lapins avant de faire un achat. Refusez d’acheter un lapereau trop jeune et signalez les boutiques qui pratiquent ces ventes abusives.
La vente de lapins non sevrés est une pratique irresponsable et préjudiciable, tant pour les animaux que pour leurs futurs propriétaires. Elle compromet la santé et le bien-être des lapereaux, tout en imposant des défis évitables aux adoptants. Il est impératif que les éleveurs, les animaleries et les adoptants s’engagent à respecter les besoins fondamentaux des lapins en favorisant des pratiques éthiques. En mettant le bien-être animal au cœur des priorités, nous pouvons assurer un meilleur départ dans la vie pour ces petits compagnons et renforcer la confiance dans l’élevage et l’adoption responsables.







Commentaires