Les différents types de foin pour lapins

Le foin constitue la base de l’alimentation des lapins de compagnie et de reproduction. Il représente plus de 70 % de leur régime et joue un rôle crucial pour l’usure dentaire, la motilité intestinale et la prévention de nombreuses pathologies. Pourtant, tous les foins ne se valent pas : la coupe, l’origine et la méthode de conservation peuvent influencer à la fois l’appétence et les effets sur la santé du lapin.

Les principales coupes de foin

Le foin provient généralement de graminées (timothy, brome, fléole des prés) ou de mélanges avec des légumineuses (comme la luzerne). Il existe plusieurs coupes dans une saison :

• Première coupe : foin récolté au printemps, avant ou juste au début de la montée en graines. Il contient beaucoup de tiges, de graines et peu de feuilles.

• Deuxième coupe : foin récolté en été, après repousse. Il est plus tendre, plus feuillu et plus appétent.

• Troisième coupe (ou plus) : plus rare, souvent très tendre et très riche en feuilles, mais parfois pauvre en fibres longues.

Pourquoi la première coupe peut poser problème

La première coupe est souvent riche en tiges dures et en graines. Si elle est mal équilibrée, elle peut poser plusieurs risques :

1. Usure dentaire inégale

Les lapins ont besoin de fibres longues pour user leurs dents uniformément. Un foin trop grossier ou trop riche en graines peut favoriser une mastication asymétrique et contribuer à des malocclusions (alignement anormal des dents).

• Des études (Harcourt-Brown & al., 2010) montrent que la texture du foin et la présence de fibres adaptées influencent directement l’usure physiologique des molaires.

2. Appétence réduite

Les tiges et les graines sont moins appréciées par certains lapins, ce qui peut mener à une consommation insuffisante de fibres et donc à un risque accru de ralentissement du transit.

3. Déséquilibre nutritionnel

Certaines premières coupes sont plus riches en glucides (graines) et moins riches en feuilles vertes, ce qui peut affecter la flore intestinale si le lapin en consomme beaucoup.

Protéines et valeur nutritionnelle : coupe et type de foin

Variation selon la coupe

• Première coupe : généralement plus pauvre en protéines (environ 6–8 %) et plus riche en fibres brutes.

• Deuxième coupe : plus équilibrée, avec un taux de protéines autour de 10–12 %, ce qui répond mieux aux besoins d’entretien des lapins adultes.

• Troisième coupe : plus riche en protéines et en énergie (12–14 %), mais moins riche en fibres longues, ce qui peut convenir aux jeunes en croissance ou aux lapins convalescents, mais pas en base quotidienne pour tous.

Variation selon la provenance

• Foin de ferme/local :

Souvent plus frais et moins transformé. La teneur en protéines reste stable si la coupe est bien identifiée, mais le stockage en vrac conserve mieux les nutriments que le foin compressé.

• Foin commercial (Oxbow et autres) :

Le taux de protéines affiché sur les sacs est similaire (souvent 7–10 % pour timothy, 12–14 % pour orchard ou brome), mais il faut considérer la perte de nutriments due au stockage prolongé et à la compression :

• Les vitamines (A, E) et certains acides aminés diminuent avec le temps.

• L’oxydation et la lumière réduisent aussi la qualité globale, rendant le foin moins nutritif malgré un pourcentage théorique similaire.

Pourquoi recommander la deuxième coupe

La deuxième coupe offre généralement un meilleur compromis :

• Fibres longues mais tendres : parfaites pour l’usure dentaire et le transit.

• Feuillage abondant : plus appétent, plus nutritif, meilleure hydratation.

• Taux de protéines adapté : autour de 10–12 %, suffisant pour l’entretien sans surcharger l’organisme.

C’est le type de foin le plus recommandé pour les lapins de compagnie, surtout lorsqu’ils boudent les foins trop grossiers.

Le problème des foins d’animalerie (Oxbow et autres)

Beaucoup de propriétaires s’inquiètent lorsqu’un lapin ne mange pas de foin acheté en animalerie (souvent vendu sous les marques Oxbow, Living World, etc.). Cela ne veut pas dire que le lapin n’aime pas le foin, mais qu’il n’aime pas ce foin-là.

Pourquoi ?

• Durée de stockage prolongée : le foin commercial est souvent compressé et stocké plusieurs mois (parfois plus d’un an) avant d’être vendu. Il perd son odeur fraîche, ses vitamines et une partie de son appétence.

• Poussière et compression : le foin en sac est souvent émietté et moins volumineux. Les lapins préfèrent les longues fibres entières.

• Variabilité du lot : d’un sac à l’autre, la couleur et l’odeur peuvent varier, ce qui décourage certains lapins sensibles.

Ce qu’un lapin qui refuse le foin commercial nous dit vraiment

Un lapin qui ne mange pas de foin d’animalerie n’est pas nécessairement un lapin qui « déteste le foin ». Dans la majorité des cas, il s’agit d’un problème d’appétence et de qualité. Beaucoup de propriétaires constatent que leur lapin mange avidement du foin de ferme ou de production locale, même s’il refusait auparavant les sacs du commerce.

Proposer un foin de deuxième coupe, frais, non compressé et entreposé correctement (au sec, à l’abri de la lumière et de l’humidité) suffit souvent à résoudre le problème.

Comment choisir un bon foin ?

1. Aspect : vert, feuillu, peu de poussière, longues fibres.

2. Odeur : parfum frais d’herbe coupée, jamais d’odeur de moisi.

3. Conservation : stocké à l’abri de la lumière et de l’humidité, idéalement en petit ballot ou sac respirant.

4. Coupe : privilégier la deuxième coupe pour l’équilibre entre fibres et appétence.

Le foin n’est pas qu’une « garniture » dans l’alimentation du lapin : il conditionne sa santé digestive et dentaire. Comprendre la différence entre les coupes, les variations nutritionnelles (dont les protéines) et savoir reconnaître un foin de qualité permet d’éviter bien des problèmes de santé à long terme, notamment la malocclusion. Si votre lapin refuse le foin d’animalerie, n’en concluez pas qu’il n’aime pas le foin : proposez un foin plus frais, local ou directement issu d’une ferme, et observez la différence.