Les gourous des groupes de lapins
- Clapier Des Lucioles

- 18 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept.
Les groupes de discussion en ligne consacrés aux lapins se présentent comme des espaces d’échange et de soutien pour les propriétaires. En théorie, ils devraient permettre de partager expériences, conseils et informations fiables. Pourtant, de plus en plus de communautés virtuelles tombent dans des dérives où quelques administrateurs imposent leur vision comme une vérité absolue. Derrière un discours axé sur le bien-être animal, on retrouve parfois de la désinformation, de la censure et même des pratiques de manipulation qui nuisent directement à la confiance entre adoptants, éleveurs et vétérinaires.
Une pensée unique imposée
Ces groupes sont souvent dirigés par des personnes se proclamant expertes, mais sans formation vétérinaire ou agronomique. Si certains admins font un travail utile de sensibilisation, d’autres imposent une vision dogmatique, allant jusqu’à censurer toute nuance.
Dans ces espaces, les règles implicites ou explicites sont souvent les suivantes :
Tout lapin doit être stérilisé, sans exception, et à l’âge fixé par le groupe.
À l’inverse, on trouve aussi de la désinformation sur la stérilisation précoce, présentée comme “mortelle” ou “impossible”, alors qu’elle est pratiquée avec succès par des vétérinaires NAC.
Les éleveurs, même éthiques, sont diabolisés et décrits comme des “marchands de chair”.
Les recommandations vétérinaires ne sont validées que si elles correspondent aux idées dominantes du groupe.
Toute divergence d’opinion est sanctionnée par des attaques personnelles ou un bannissement.
Quand la stérilisation devient un outil de contrôle
La stérilisation est au cœur des débats. Dans un climat sain, elle devrait être abordée de façon nuancée :
Elle est bénéfique pour la santé (prévention du cancer de l’utérus chez la femelle, réduction des comportements hormonaux chez le mâle).
Elle facilite la cohabitation et améliore la qualité de vie de nombreux lapins.
Mais elle doit être adaptée au cas par cas : un lapin âgé ou fragile peut courir un risque anesthésique, et un lapin vivant seul peut ne pas en avoir besoin immédiatement.
Or, dans certains groupes, la stérilisation est instrumentalisée. Les admins ne se contentent pas d’imposer une vision rigide : ils vont jusqu’à contacter les adoptants en privé pour leur poser des questions insistantes sur leur éleveur, sur le déroulement de l’adoption, si ils ont eu son adresse personnelle, voir sur le vétérinaire qui a pratiqué la chirurgie. Même quand il s’agit d’un élevage responsable et transparent, l’objectif est clair: semer le doute dans l’esprit des familles pour les rendre réticentes à faire affaire avec un éleveur, quitte à fragiliser des pratiques pourtant conformes et bénéfiques aux lapins.
Tout ceci nous a été rapporté par plus d’un adoptant, preuves à l’appui.
L’alimentation : entre restrictions extrêmes et contradictions
Un autre domaine où la désinformation prolifère est l’alimentation. Certains groupes diffusent des conseils radicaux :
Limiter l’accès à la moulée à seulement 30 minutes, deux fois par jour, y compris chez des jeunes en croissance, provoquant des prises alimentaires trop rapides, un stress inutile et des risques d’étouffement.
Réduire la ration à une cuillère à thé de moulée par jour, voire supprimer totalement la moulée au profit du foin et des légumes, entraînant des carences graves en protéines, acides aminés, vitamines et minéraux.
Ces recommandations s’appuient parfois sur des fiches vétérinaires, mais en omettant des détails essentiels. Dans un cas cité, la fiche indiquait en réalité 1/8 de tasse de moulée par kilogramme de poids corporel, une quantité bien différente d’une simple cuillère à thé.
À cela s’ajoutent d’autres dérives :
Introduction trop rapide de légumes frais, provoquant diarrhées et déséquilibres digestifs.
Présenter la moulée comme un simple “complément”, alors qu’elle est formulée par des agronomes pour couvrir les besoins nutritionnels complets.
Un climat de censure et de manipulation
Ces excès s’accompagnent d’un climat oppressant. Dans ces groupes :
Poser une question ou exprimer un doute peut valoir un bannissement immédiat.
Les membres qui ne suivent pas la ligne imposée sont ridiculisés publiquement.
Les admins privilégient leur opinion personnelle plutôt que des sources scientifiques fiables.
Certaines cliniques vétérinaires, pourtant connues pour avoir multiplié les mauvais diagnostics, continuent de figurer sur la fiche interactive des vétérinaires “recommandés” par les admins. Leur justification ? S’ils les retiraient, les propriétaires de lapins de cette région risqueraient de ne plus consulter du tout. En pratique, cela revient à tolérer un risque d’erreur médicale, plutôt que d’orienter les gens vers une autre clinique, parfois toute proche, mais que les administrateurs ont choisi de ne pas inclure dans leur liste.
Il arrive aussi que les règles soient appliquées à géométrie variable. Par exemple, un membre ayant adopté un lapereau non sevré de seulement 4 semaines en animalerie peut publier librement des photos sur le groupe, et ce, malgré un règlement qui interdit pourtant les publications de lapereaux de moins de 8 semaines. L’excuse avancée ? Selon les admins, montrer de jeunes lapins risquerait de donner envie aux membres de “faire des portées pour le plaisir”, comme si leurs propres abonnés étaient incapables de discernement.
Et en privé, certains vont jusqu’à influencer directement les adoptants pour dissuader toute relation de confiance avec des éleveurs responsables, même lorsque ceux-ci collaborent avec des cliniques vétérinaires et respectent des standards élevés.
Comment reconnaître un groupe dogmatique?
Quelques signes doivent alerter :
L’impossibilité de discuter de nuances sur la stérilisation ou l’alimentation.
La diabolisation systématique des éleveurs.
La suppression de publications qui ne vont pas dans le sens du groupe.
Les jugements et attaques personnelles à la moindre divergence.
Les tentatives d’ingérence dans la vie privée des adoptants, sous couvert de “vérifications”.
Privilégier la nuance et la transparence
Les groupes de discussion peuvent être une ressource précieuse, mais seulement s’ils favorisent un climat ouvert, respectueux et basé sur des faits. Quand ils tombent dans le dogmatisme et la manipulation, ils deviennent contre-productifs pour le bien-être des lapins.
La stérilisation et l’alimentation sont des questions sérieuses qui doivent être abordées avec nuance, selon chaque cas, et toujours en lien avec un vétérinaire compétent. Les propriétaires ont tout à gagner à se méfier des discours extrêmes et des ingérences, et à privilégier les sources fiables et la transparence.



Des vétérinaires NAC pratiquent couramment des stérilisations sécuritaires dès 3,5 à 4 mois ou à partir de 1 kg de poids, afin de prévenir les gestations précoces et les tumeurs utérines.
L’affirmation « aucune femelle ne peut être stérilisée avant 6 mois » est fausse et contredite par la littérature vétérinaire et les pratiques cliniques spécialisées.









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