Pourquoi certains éleveurs n’autorisent pas les visites ou photos de leur élevage de lapins
- Clapier Des Lucioles

- 26 août
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 sept.
Lorsqu’on adopte un lapin, il est naturel de vouloir s’assurer qu’il provient d’un environnement sain et respectueux. Certains adoptants peuvent même demander à visiter les installations ou à recevoir des photos privées des enclos. Pourtant, de nombreux éleveurs sérieux refusent ces demandes. Pourquoi ?
Il ne s’agit pas d’un manque de transparence. Au contraire, c’est une mesure de protection, pour les animaux, pour l’éleveur, et même pour les futurs adoptants. Et surtout, il faut comprendre qu’on ne peut pas magasiner un élevage de lapins comme on magasine un élevage de chiens : les lapins n’ont pas les mêmes besoins, ni la même tolérance aux visites, et les élevages fonctionnent sur une tout autre réalité.
1. La sécurité avant tout
Un élevage, même de taille familiale, peut être une cible.
Une éleveuse s’est fait voler deux lapereaux dans ses enclos extérieurs.Une autre a dû contacter la police après avoir reçu des menaces suite à un refus d’adoption.Chez moi, quelqu’un a déjà essayé d’ouvrir ma porte de maison sans cogner, croyant pouvoir entrer librement.
Ces exemples montrent que donner un accès trop large ou diffuser des images détaillées de ses installations peut attirer des comportements indésirables.
2. La protection des animaux
Un élevage n’est pas une animalerie. C’est un lieu de vie pour des animaux sensibles, qui demandent calme et stabilité.
Les visites provoquent du stress : des inconnus qui entrent, touchent, parlent fort.Des personnes viennent parfois avec leurs enfants, qui passent l’après-midi à caresser les lapins… pour finalement dire qu’ils “allaient y penser”. Pour les animaux, ce n’est pas une activité ludique, mais une source de fatigue et d’anxiété inutile.
Dans certains cas, des actes de vandalisme ont été commis lors de l’absence des éleveurs, après qu’on ait identifié leur lieu d’élevage.
Limiter l’accès est donc une façon de protéger directement le bien-être des lapins.
3. La biosécurité
Les lapins sont très vulnérables aux maladies.Un visiteur peut, sans le savoir, transporter des parasites, bactéries ou virus sur ses vêtements ou ses chaussures (ex. coccidiose, pasteurellose, VHD). Une simple visite peut avoir des conséquences graves pour tout un élevage.
C’est pour cette raison que les fermes avicoles et porcines interdisent depuis longtemps les visites non autorisées. Les éleveurs de lapins adoptent les mêmes précautions.
4. Le respect du temps et des limites
Un élevage demande plusieurs heures de travail par jour : nettoyage, alimentation, soins, suivis vétérinaires, gestion administrative et communication avec les adoptants.
Accueillir des visiteurs ou organiser des séances photo détourne du temps précieux qui devrait être consacré aux animaux.
De plus, un éleveur doit poser ses limites.
Certaines personnes changent d’idée plusieurs fois sur le lapin qu’elles veulent adopter. D’autres insistent pour adopter un lapin que l’éleveur a prévu de garder pour son programme (sélection génétique, reproduction, santé).
Dans ces cas, il est important de rappeler que certains animaux ne sont pas disponibles à l’adoption, car ils jouent un rôle essentiel dans la continuité et l’amélioration de l’élevage. Dire “non” à un adoptant ne signifie pas manquer de transparence, mais simplement protéger la qualité et la santé des générations futures.
5. Un élevage est aussi un foyer privé
Au-delà des lapins, un élevage reste souvent un foyer où vivent d’autres animaux et la famille de l’éleveur. Les visites répétées peuvent perturber cette vie privée et générer du stress inutile.
C’est pourquoi de nombreux éleveurs préfèrent fixer des points de rencontre neutres (stationnements, lieux publics) plutôt que d’accueillir les adoptants directement à domicile.
6. La vraie transparence ne passe pas par des photos d’enclos
Une photo isolée ne reflète pas le sérieux d’un élevage.
La véritable transparence se reconnaît dans :
la qualité et la santé des animaux adoptés,
les pratiques mises en place (stérilisation précoce, micropuce, traitements préventifs),
le suivi offert à l’adoptant,
la réputation et la constance dans le temps.
Certains élevages se présentent comme “familiaux” alors qu’ils comptent pourtant plus d’une centaine de reproducteurs et vendent des bébés avant le sevrage complet. Dans certains cas, les vidéos ou photos envoyées aux adoptants datent de plusieurs années, à une époque où les lapins étaient encore dans la maison, ce qui ne reflète plus la réalité actuelle.
Un éleveur qui investit dans la stérilisation avant adoption (souvent 500–800 $ de valeur ajoutée pour l’adoptant), qui travaille avec des vétérinaires, et qui assure un suivi à long terme démontre déjà une démarche bien plus éthique qu’une photo d’un clapier.
7. Un élevage de lapins n’est pas un élevage de chiens
Dans le monde canin, les éleveurs reçoivent souvent des visiteurs pour présenter leurs installations, car les chiots bénéficient d’une large socialisation et tolèrent bien les interactions multiples.
Les lapins, eux, sont des proies. Ils recherchent la stabilité, le calme et un environnement prévisible. Les visites répétées ne les aident pas à s’épanouir : elles les stressent, fragilisent leur santé et perturbent leur routine.
De plus, les élevages de lapins ne disposent pas de la même organisation que les éleveurs de chiens, souvent soutenus par des clubs, fédérations et expositions. Les clapiers sont majoritairement gérés à petite échelle, dans un cadre familial, ce qui ne permet pas d’ouvrir les portes comme s’il s’agissait d’un commerce accessible au public.
Magasiner un élevage de lapins comme on magasine un élevage de chiens n’a donc pas de sens : la qualité d’un élevage de lapins se mesure dans la santé des animaux, les pratiques éthiques et le suivi offert, pas dans une visite de courtoisie.
Refuser les visites ou les photos privées n’est pas cacher quelque chose. C’est protéger les animaux, sécuriser les lieux, préserver la vie familiale, prévenir les maladies et respecter le temps de l’éleveur.
Les éleveurs responsables ont pour priorité le bien-être de leurs lapins et la qualité des adoptions. Et ce sérieux se mesure dans leurs pratiques concrètes, pas dans une image prise sur demande.







Commentaires