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Les lapins carencés du Québec: quand la médecine et le manque de connaissances s’allient pour créer des cas de maltraitance

  • Photo du rédacteur: Clapier Des Lucioles
    Clapier Des Lucioles
  • 29 juil.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 août



Le cas de Grubule



Adoptée en décembre 2022.


Cette petite Mini Satin a commencé à avoir des problèmes très jeune : à seulement 4 mois, elle faisait déjà une stase digestive. Par la suite, elle a perdu énormément de poids, est devenue agressive et semblait constamment affamée.

À son arrivée chez moi le 29 juillet 2025, elle ne pesait que 1,36 kg, alors que le poids santé pour un Mini Satin est d’environ 2,15 kg : près d’un tiers de son poids manquait. Et pourtant, on lui avait annoncé un pronostic terrible :


  • Maladie rénale en phase terminale

  • Puis suspicion d’atteinte hépatique ou parasitaire

  • Mégacolôn, impossible génétiquement car un seul des parents est broken

  • Et enfin une supposée “maladie génétique des Satin”, jamais confirmée par radiographie ni bilan osseux (les examens nécessaires n’ont jamais été réalisés malgré la gravité supposée du diagnostic)


Un autre point souvent cité par la clinique pour appuyer ce dernier diagnostic était la décoloration jaune et terne des dents. Pourtant, ce signe peut également être lié à des carences nutritionnelles graves et à une usure insuffisante des dents, comme c’était le cas ici : son alimentation très limitée ne lui permettait pas une mastication adéquate, entraînant des tailles dentaires répétées et évitables.


Pendant des mois, la propriétaire a suivi ces diagnostics et multiplié les examens et traitements coûteux, convaincue d’être entre bonnes mains puisque la clinique se présente comme spécialisée en animaux exotiques. Elle pensait donc que son lapin recevait des soins adaptés et pointus.

Ces traitements incluaient antiparasitaires, antibiotiques, fluides sous-cutanés, gavages de Critical Care… et même l’application mensuelle d’un produit Advantix K9, un antipuce pour chiens hautement toxique pour les lapins, prescrit par la clinique elle-même (preuve dans le dossier).


Ces démarches ont entraîné des frais majeurs et une inquiétude constante. Le dossier médical montre à quel point la propriétaire revenait fréquemment pour des suivis et posait de nombreuses questions, cherchant désespérément une solution. Malgré tous ses efforts, la situation ne s’améliorait pas. Cette accumulation de déceptions et de stress a mené à une décision extrêmement difficile : confier la lapine à l’éleveur. Une décision teintée de tristesse, de sentiment d’échec et de culpabilité, un traumatisme qui pourrait bien la faire hésiter à adopter à nouveau un animal à l’avenir.





Le plan alimentaire prescrit par la vétérinaire



Tiré directement des notes du dossier :


  • Foin à volonté Oxbow

  • Matin, midi et soir : 3-4 feuilles de laitue romaine selon la taille + 3-5 tiges de coriandre (≈ 9-12 feuilles par jour au total). Les légumes sont trempés dans l’eau pour augmenter l’hydratation.

  • 1x par jour : 1/4 tasse de concombre coupé en dés (présenté comme une “petite chasse au concombre”).

  • Mention que la lapine adore le kale, surnommée même la « Kale killer », avec préférence pour le kale dinosaure.

  • Poids santé indiqué dans la note : 2,6 kg.



Fait frappant : dans ces mêmes notes, la vétérinaire écrit clairement que le lapin mangeait peu de foin. Malgré cette information, aucun ajustement n’a été proposé pour compenser le déficit énergétique et protéique. La lapine a donc été maintenue dans un état de carence chronique.





Les carences et leurs effets



Un Mini Satin de 2,15 kg a besoin d’environ 215-230 kcal/jour et 12-15 g de protéines/jour. Avec le plan prescrit, elle recevait à peine 120-140 kcal et 8-10 g de protéines.


Conséquences :


  • Perte de poids sévère et fonte musculaire

  • Hypoalbuminémie (faible taux de protéines) faussement interprétée comme atteinte rénale

  • Fatigue extrême et faiblesse

  • Système immunitaire affaibli

  • Polyphagie et agressivité dues à la faim chronique



À noter : dans le dossier, des améliorations temporaires de poids et d’état sont notées après gavages au Critical Care, ce qui renforce l’hypothèse d’un problème nutritionnel plutôt que d’une maladie incurable.





Ce qu’elle vivait en silence



  • Estomac vide et douleurs abdominales sourdes

  • Sensation de brûlure gastrique liée à l’acidité

  • Stress et comportement défensif constant

  • Corps trop faible pour maintenir son poids et ses fonctions normales

  • Muscles qui fondent et incapacité à se réchauffer correctement






Un problème plus large : une mode dangereuse sur les groupes Facebook



Ce cas illustre aussi une tendance inquiétante qu’on voit circuler dans plusieurs groupes Facebook très populaires sur les lapins au Québec :


  • La recommandation systématique de ne pas donner de granulés complets, ou d’en donner en quantités quasi négligeables

  • Sans jamais tenir compte de l’âge, de l’état ou de l’activité du lapin



Cette pratique, présentée comme “plus naturelle”, fragilise particulièrement les jeunes lapins en croissance :


  • Retards de croissance et carences graves (protéines, minéraux, énergie)

  • Immunité affaiblie et plus grande sensibilité aux maladies

  • Désordres métaboliques pouvant être graves (stases, troubles osseux, amaigrissement rapide)



Dans ce cas précis, cette approche a contribué à un biais diagnostique : on cherchait des maladies rares alors que le problème venait simplement d’un déficit nutritionnel sévère.





Ce qui a tout changé



En arrivant ici, elle a eu accès à une alimentation complète et adaptée :


  • Foin de ferme de bonne qualité en continu

  • Granulés complets et équilibrés



Elle s’est mise à manger sans arrêt pendant des heures, même dans la voiture sur le chemin du retour, un comportement très inhabituel pour un lapin stressé par le transport. Depuis, elle reprend du poids et retrouve un comportement normal. Si elle avait réellement souffert d’une maladie génétique incurable ou d’une insuffisance rénale terminale, une telle amélioration aurait été impossible.





Pourquoi en parler ?



  • Les vétérinaires peuvent se tromper : même les plus compétents peuvent passer à côté d’une cause simple. Ce n’est pas une attaque contre la profession, mais un rappel qu’il faut oser poser des questions et rester impliqué dans le processus diagnostique.

  • Cette histoire montre que des diagnostics alarmants peuvent parfois masquer un problème beaucoup plus simple, ici, une dénutrition grave due à un plan alimentaire incomplet.

  • Valider les besoins de base avant tout : alimentation complète, eau fraîche, environnement adapté. Ces éléments fondamentaux devraient toujours être vérifiés avant de conclure à une maladie rare ou incurable.

  • Vérifier chaque prescription : l’Advantix K9, prescrit dans ce cas, est un produit toxique pour les lapins et ne devrait jamais leur être appliqué.

  • Protéger les adoptants et les animaux : l’impact émotionnel et financier sur la propriétaire a été immense. Comprendre ce qui s’est passé peut éviter que d’autres familles vivent la même chose et que d’autres lapins souffrent inutilement.



Parler de ces erreurs, c’est protéger les prochains lapins et rappeler que parfois, la solution se trouve dans les choses les plus simples.


SUIVI DE SANTÉ:

Première soirée 29 juillet.

Elle a passer 4h à manger, autant foin que moulée, légumes et suppléments.

Poids: 1.39kg

Crottes nombreuses mais petites et mal formées Arrêt total des médicaments prescrits auparavant


30 juillet:

Poids: 1.47kg

Production massive de crottes en 24h

Quantité d'urines normales Mange encore mais avec beaucoup moins de frénésie que hier


31 juillet: Poids: 1.59kg

Augmentation de la taille des crottes, quantité d'urines normales et couleur normale Mange du foin avec appétit, mange normalement sa moulée, n'est plus frénétique lors de la prise alimentaire Rendez-vous vétérinaire prévu le 6 août


1er août:



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