Causes des pierres urinaires chez le lapin: une problématique multifactorielle
- Clapier Des Lucioles

- il y a 5 jours
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Les pierres urinaires chez le lapin, appelées urolithes ou calculs urinaires, sont une affection relativement fréquente en médecine des nouveaux animaux de compagnie. Leur apparition est souvent attribuée de façon simpliste à une alimentation « trop riche en calcium », alors que la réalité physiologique est beaucoup plus complexe. La formation de calculs urinaires résulte d’une interaction entre la physiologie propre au lapin, l’hydratation, la composition de l’urine, l’alimentation, l’environnement et certains facteurs individuels.
Le lapin possède un métabolisme du calcium unique parmi les mammifères domestiques. Contrairement aux chiens, chats ou humains, il absorbe passivement une très grande proportion du calcium présent dans son alimentation, indépendamment de ses besoins réels. L’excès de calcium n’est pas éliminé par les selles, mais principalement par les reins, ce qui entraîne une excrétion urinaire importante de calcium sous forme dissoute ou cristallisée. Cette particularité explique la couleur parfois blanchâtre ou trouble de l’urine chez les lapins en bonne santé, un phénomène physiologique qui, à lui seul, n’est pas pathologique.
Cependant, lorsque l’urine devient trop concentrée, trop alcaline ou que l’élimination est insuffisante, le calcium peut précipiter et s’agglomérer progressivement. Ce processus peut d’abord conduire à une accumulation de boue urinaire, appelée sludge vésical, puis évoluer vers la formation de véritables calculs solides. Ces calculs sont le plus souvent composés de carbonate de calcium, plus rarement d’oxalate de calcium, et peuvent se localiser dans la vessie, l’urètre ou plus rarement dans les reins.
L’hydratation joue un rôle central dans ce mécanisme. Un lapin qui boit peu produit une urine plus concentrée, favorisant la précipitation des sels minéraux. Une consommation hydrique insuffisante peut être liée à un accès inadéquat à l’eau, à une eau souillée ou peu appétente, à une alimentation trop sèche ou encore à une douleur chronique qui limite les déplacements. Les lapins nourris principalement avec des aliments secs et peu de végétaux frais présentent souvent un volume urinaire plus faible, ce qui augmente le risque de stagnation urinaire.
L’alimentation intervient également, mais pas uniquement par sa teneur en calcium. Une ration déséquilibrée, pauvre en fibres et trop riche en concentrés, peut ralentir le transit digestif et modifier le métabolisme global. Le foin, lorsqu’il constitue la base de l’alimentation, stimule à la fois la mastication, la motilité digestive et la prise d’eau. À l’inverse, une alimentation composée majoritairement de granulés ou de légumes sélectionnés sans variété peut contribuer indirectement à un déséquilibre urinaire. Il est important de souligner que le calcium alimentaire n’est pas toxique en soi et qu’il est indispensable à la santé osseuse et dentaire du lapin. Le problème survient surtout lorsque l’apport, l’hydratation et l’élimination ne sont pas en équilibre.
Le pH urinaire du lapin, naturellement alcalin, constitue un autre facteur favorisant. Un pH élevé réduit la solubilité de certains sels de calcium et facilite leur cristallisation. Certaines conditions, comme les infections urinaires chroniques ou l’inflammation de la vessie, peuvent modifier localement la composition de l’urine et créer un environnement propice à la formation de calculs. Les débris cellulaires, le mucus inflammatoire et parfois les bactéries peuvent servir de noyau autour duquel les minéraux se déposent progressivement.
Le mode de vie du lapin influence également le risque. Le manque d’exercice favorise la stase urinaire, car un lapin peu actif urine moins fréquemment et vide parfois incomplètement sa vessie. Le surpoids aggrave ce phénomène en modifiant la posture d’urination et en rendant l’évacuation complète plus difficile. À long terme, cette rétention partielle d’urine contribue à la concentration des minéraux et à leur sédimentation.
Enfin, il existe une variabilité individuelle importante. Certains lapins développent des calculs malgré une alimentation et une gestion exemplaires, suggérant une prédisposition métabolique ou anatomique. L’âge, le sexe, l’état de stérilisation et les antécédents médicaux peuvent influencer le risque, sans qu’un facteur unique ne puisse expliquer à lui seul la pathologie.
La prévention des pierres urinaires repose donc sur une approche globale et nuancée. Elle ne consiste pas à éliminer le calcium de l’alimentation, mais à favoriser une alimentation riche en fibres, une hydratation optimale, une activité physique quotidienne et une surveillance régulière de l’état urinaire. Une urine occasionnellement trouble peut être normale, mais des changements persistants, douloureux ou accompagnés de difficultés à uriner doivent toujours justifier une consultation vétérinaire.
Références scientifiques et vétérinaires
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