Clash entre refuges pour lapins et éleveurs éthiques : une perspective nuancée
- Clapier Des Lucioles
- 15 nov. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 févr.
Le débat entre refuges pour lapins et éleveurs éthiques est un sujet de tension croissante. Alors que les refuges accusent souvent les éleveurs de contribuer à la surpopulation et à l’abandon des lapins, les éleveurs éthiques défendent leur rôle dans la préservation des races et la transmission de savoirs essentiels sur la génétique et les soins. Cet article explore les stéréotypes, les conséquences d’une éventuelle disparition des élevages, les vérités sur l’abandon des lapins, et les initiatives responsables, comme la micropuce, pour illustrer la différence entre les éleveurs éthiques et les acteurs moins scrupuleux.
Stéréotypes autour des éleveurs éthiques et des refuges
Les stéréotypes contre les éleveurs
Les éleveurs sont souvent perçus par les refuges et certains militants comme la source principale du problème de surpopulation animale. Ce stéréotype les dépeint comme des individus intéressés uniquement par le profit, ignorant le bien-être animal.
Cependant, les éleveurs éthiques se distinguent par :
Un contrôle strict des reproductions : Ils sélectionnent les accouplements pour préserver la santé et les standards de la race, évitant ainsi les excès.
Un suivi des adoptions : De nombreux éleveurs s’assurent que chaque adoption soit réfléchie et accompagnée d’un suivi rigoureux.
Un engagement éducatif : Ils partagent leur expertise sur la génétique, la santé et les besoins spécifiques des lapins, un savoir qui serait perdu en leur absence.
Les stéréotypes contre les refuges
D’un autre côté, les éleveurs critiquent parfois les refuges pour leur tendance à généraliser le blâme envers les éleveurs, sans reconnaître les nuances. Les refuges accueillent des lapins provenant majoritairement :
D’adoptions impulsives dans les animaleries ou sur des plateformes sans réglementation.
De particuliers qui laissent leurs animaux se reproduire sans contrôle, souvent par méconnaissance.
''D'éleveurs'' reproduisant délibérément des lapins croisés en pensant faire un profit rapide.
Il est essentiel de noter que la majorité des lapins abandonnés ne proviennent pas d’éleveurs éthiques, mais de sources moins responsables.
Le risque de disparition des races et de perte des savoirs
Si les éleveurs éthiques devaient disparaître en raison de pressions sociales ou réglementaires, les conséquences seraient profondes :
Risque d’extinction de races
Les races rares, souvent maintenues uniquement grâce au travail d’éleveurs passionnés, pourraient disparaître sans efforts concertés pour préserver leurs lignées.
Perte de connaissances génétique
Les éleveurs éthiques détiennent des savoirs spécialisés sur des subtilités génétiques complexes. Par exemple, le gène shaded peut influencer des traits tels que la vision ou la pigmentation, et sa gestion nécessite une expertise approfondie. Ces connaissances risquent de se perdre, au détriment de la compréhension et du bien-être des lapins.
Uniformisation génétique
Sans éleveurs pour veiller à une reproduction contrôlée, la diversité génétique des lapins pourrait être compromise, augmentant les risques de maladies et de malformations.
La reproduction des lapins
Les éleveurs expérimentés possèdent un savoir-faire essentiel, notamment en matière de palpation abdominale, qui permet d’estimer l’âge des fœtus et de préparer la mise bas. Cette technique est aussi cruciale pour détecter d’éventuelles complications, comme un fœtus bloqué, et intervenir rapidement si nécessaire.
De plus, les éleveurs savent reconnaître les signes d’une mise bas difficile, aider une femelle en détresse et s’assurer qu’aucun bébé ne reste coincé dans l’utérus. En cas de portée ignorée par la mère, ils possèdent les compétences pour réchauffer et nourrir les nouveau-nés ou stimuler l’instinct maternel.
Sans cette transmission de savoir, les refuges pourraient manquer d’expertise face à certaines situations critiques, mettant en péril la santé des lapins en gestation et de leurs petits.
Les éleveurs éthiques ne sont pas responsables de la surpopulation
Contrairement aux idées reçues, la surpopulation de lapins n’est pas causée par les éleveurs éthiques, mais par :
Les reproductions non planifiées chez les particuliers.
Les ventes irresponsables par les animaleries (aucun éleveur éthique ne vend en animalerie ou en ''boutique'') et les sites de petites annonces, où les lapins sont souvent achetés sur un coup de tête sans connaissance de leurs besoins.
Les éleveurs éthiques pratiquent une sélection stricte des adoptants, éduquent ces derniers sur la responsabilité et offrent un suivi post-adoption. La fermeture des élevages éthiques ne résoudrait donc pas la problématique des abandons, mais pourrait même l’aggraver en favorisant des pratiques irresponsable. Nous avons vu dernièrement une propriétaire de refuge pour lapin du Québec demander des informations sur un Géant Continental, provenant à la base d'un élevage, qui devait trouver une nouvelle demeure. Le lapin n'était en aucun cas en danger. Pourtant les refuges étant supposément plein, pourquoi ne pas adopter un lapin ''ordinaire'' qui attend une famille depuis longtemps, plutôt que de rechercher un lapin de race fancy?
La micropuce : un outil mal utilisé
Dans notre élevage, tous les lapins sont micropucés pour permettre un suivi rigoureux. En cas d’abandon ou de fuite, cette technologie offre une solution efficace pour identifier rapidement le propriétaire et réduire le nombre de lapins entrant en refuge.
Les limites actuelles des refuges
Malheureusement, aucuns refuges ne font micropucer les lapins qu’ils placent en adoption. De plus :
Le manque de scanners : Lorsqu’un lapin errant est trouvé, il n’est presque jamais scanné pour une micropuce, ce qui représente une opportunité manquée pour reconnecter l’animal avec son propriétaire.
Une surcharge évitable : Avec une meilleure utilisation des micropuces, les refuges pourraient diminuer leur charge de travail en réintégrant rapidement les animaux dans leur foyer d’origine.
En refusant d’adopter cette pratique, les refuges passent à côté d’une solution concrète pour réduire les abandons. Pendant ce temps, les éleveurs éthiques investissent dans cette technologie, démontrant leur engagement envers le bien-être des animaux à long terme.
Une collaboration nécessaire
Plutôt que de perpétuer un conflit, une collaboration entre refuges et éleveurs éthiques pourrait offrir des solutions durables :
Éducation conjointe : Promouvoir la responsabilité des propriétaires dès l’adoption, qu’ils passent par un refuge ou un éleveur.
Micropucer systématiquement : Encourager tous les refuges et éleveurs à micropucer les lapins, et former les refuges à scanner systématiquement les animaux errants.
Reconnaître la différence entre éleveurs éthiques et irresponsables : Soutenir les pratiques responsables et distinguer les éleveurs éthiques des vendeurs non régulés.
Conclusion
Le clash entre refuges et éleveurs éthiques repose souvent sur des malentendus et des généralisations. Les éleveurs éthiques ne sont pas à l’origine de la surpopulation de lapins et jouent un rôle essentiel dans la préservation des races et des connaissances génétiques. Avec des pratiques comme la micropuce, ils démontrent leur engagement envers le bien-être animal, là où les refuges pourraient encore progresser. Une meilleure collaboration entre ces deux acteurs pourrait grandement améliorer la situation des lapins de compagnie et réduire les abandons.

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