Entre stéréotypes et désinformation sur les groupes Facebook dédiés aux lapins de compagnie
- Clapier Des Lucioles
- 15 nov. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 févr.
Les groupes Facebook dédiés aux lapins de compagnie sont censés être des espaces d’échange et d’entraide pour les propriétaires d'animaux. Cependant, ces communautés en ligne voient de plus en plus une perte de savoir-faire sur les soins aux lapins, alimentée par des modérateurs non formés, une méfiance vis-à-vis des éleveurs, et des stéréotypes sur l’adoption en dehors des refuges. Ce phénomène de rejet des éleveurs et de désinformation met en péril la santé et le bien-être des lapins, et pousse certains membres à se retirer de ces groupes, craignant les critiques incessantes et les jugements hâtifs.
La peur d’admettre qu’on a adopté chez un éleveur
Dans de nombreux groupes Facebook, il existe une forte pression pour afficher un engagement envers l’adoption responsable, souvent au détriment des éleveurs. Certains membres évitent de mentionner qu'ils ont adopté leur lapin chez un éleveur, préférant laisser penser qu'ils ont adopté en refuge, de peur d’être jugés ou critiqués. Ce phénomène découle souvent de l’idée reçue que seuls les refuges sont des sources éthiques d’adoption, alors que de nombreux éleveurs responsables jouent un rôle essentiel dans la préservation de certaines races et offrent des conseils précieux sur la santé des lapins.
Cette crainte de l’opinion publique peut dissuader les propriétaires d’admettre qu’ils ont fait appel à un éleveur éthique, même si l’adoption a été bien réfléchie et que le lapin a reçu des soins de qualité. Cela limite également l’opportunité de partager des expériences positives d’adoption auprès d'éleveurs, et renforce la polarisation entre refuges et éleveurs.
Le danger des jugements hâtifs et de la recherche de défauts
L’un des problèmes majeurs dans ces groupes est le climat de surveillance constante qui règne, où chaque commentaire, chaque photo, chaque question est scrutée à la loupe. Certains membres et modérateurs semblent plus intéressés par la recherche de défauts que par l’aide véritable. Il n'est pas rare qu’un membre se fasse attaquer pour des détails insignifiants. Par exemple, une photo d'un lapin ne montrant pas son distributeur de foin peut être interprétée comme une preuve de négligence, même si le lapin a effectivement du foin ailleurs dans son habitat.
Cette approche excessive crée un environnement où de nombreux propriétaires, au lieu de partager librement leurs préoccupations ou leurs questions, préfèrent ne plus rien publier par peur d'être jugés. Ce phénomène empêche les échanges constructifs et favorise un climat de méfiance.
Les risques liés à des conseils non professionnels
Les modérateurs, souvent désignés comme « spécialistes » du groupe, mais qui n’ont parfois aucune formation en soins animaliers, peuvent également contribuer à la diffusion de mauvaises pratiques. Bien qu’ils aient peut-être de bonnes intentions, leur manque de connaissances peut entraîner des conseils erronés, potentiellement dangereux pour les lapins. Présentement, ils affirment que les lapereaux doivent être rationnés: ils conseillent aux gens de donner un bol de moulée aux bébés tout juste adoptés, et le retirer après 30 minutes, et ce deux fois par jour. En plus de risquer des étouffements car, étant affamés, les lapereaux risquent de manger trop vite, cela surcharge leur système digestif, ce qui peut causer une entérite et ensuite leur décès. Ils affirment que le foin est suffisant afin de les rassasier pour le reste de la journée. Hors, ils n'ont aucune idée de la race des lapereaux des gens (un nain néerlandais de 3 mois aura besoin de moins de calories qu'un géant des flandres qui doublera son poids en deux mois), ni de la qualité du foin que les gens offrent à leur lapin, risquant ainsi des carences alimentaire grave. Aucune source de leur part est partagée, que ce soit d'un vétérinaire ou d'un agronome, afin d'appuyer leurs dires.
Un exemple de conseil inapproprié : l’utilisation du gant pour les lapins à poil long
Un exemple concret de cette désinformation se trouve dans les conseils donnés par certains modérateurs à propos des lapins à poil long. Un modérateur, pensant bien faire, a suggéré à un membre d’utiliser un gant de brossage pour un lapin à poil long. Or, ce type d’outil est totalement inadapté pour les lapins à poils longs, car il ne permet pas de retirer efficacement les poils morts, contrairement à une brosse métallique spécialisée. Ce conseil inapproprié pourrait entraîner des nœuds dans le pelage du lapin, augmentant le risque de maladies de peau et de stress pour l’animal.
Des conseils comme celui-ci montrent à quel point des modérateurs sans formation peuvent nuire à la prise en charge des lapins, en donnant des recommandations fondées sur des présupposés et non sur des connaissances réelles.
Un espace où la peur de la critique prend le pas sur le partage de connaissances
Cette atmosphère de jugement et de critique constante pousse de nombreux membres à s'abstenir de poser des questions ou de partager leurs expériences. Les propriétaires se sentent souvent piégés, pris dans une culture de la perfection où l’erreur est systématiquement pointée du doigt, mais rarement expliquée de manière constructive. Au lieu de se concentrer sur l'amélioration des pratiques de soin, les discussions sont marquées par des critiques excessives et la recherche de fautes. Les propriétaires de lapins hésitent alors à admettre qu'ils ont eu une portée surprise ou qu'ils viennent d’un éleveur, par crainte d’être considérés comme irresponsables.
Les modérateurs devraient se rappeler que l'objectif d'un groupe est d'échanger et de s'entraider, pas de juger et de condamner. La création d’un environnement inclusif et éducatif, où les erreurs sont vues comme des opportunités d'apprentissage et non comme des fautes impardonnables, est essentielle pour améliorer le bien-être des lapins.
Conclusion : Pour une approche plus constructive et informée
Les groupes Facebook sur les lapins devraient évoluer vers un environnement plus équilibré, où les connaissances sont partagées de manière responsable et où la collaboration entre tous les acteurs (éleveurs, vétérinaires, refuges et propriétaires) est encouragée. Il est crucial de reconnaître que les éleveurs éthiques, avec leur expertise, ont un rôle fondamental à jouer dans l'éducation des propriétaires et la préservation de la santé des animaux.
Par exemple, admin et modérateurs me contactaient en privé afin que je conseille les membres ayant adopté une lapine gestante sans le savoir. Cependant, je ne devais jamais parler de lapereaux, sous entendre que j'étais un éleveur, ou même partager la photo d'un de mes lapins sur le groupe sans que ce soit vu comme étant une tentative de pub envers mon élevage, afin de pouvoir vendre des lapins aux membres du groupe.
Les modérateurs doivent également être mieux formés, en particulier sur les soins spécifiques aux lapins, afin de fournir des conseils fiables et adaptés. Au lieu de promouvoir une atmosphère de jugement et de méfiance, ces groupes devraient devenir des espaces de soutien et d’apprentissage, où les propriétaires peuvent poser des questions sans craindre d’être dénigrés ou mal compris. Ce n’est qu’en encourageant une approche plus inclusive et bienveillante qu’on pourra réellement aider les lapins et leurs propriétaires à s’épanouir.
Dans certains groupes Facebook dédiés aux lapins de compagnie, la stérilisation des lapins est un sujet qui revient fréquemment, souvent prôné de manière systématique. Cela a causé une panique lorsqu'ils ont appris que tous les lapins mâles du Clapier sont stérilisés dès l'âge de 8 semaines, et que les femelles le sont entre 8 et 10 semaines. Pourtant, aucune de ces personnes n’est vétérinaire, technicien en santé animale ou n’a de formation en santé animale. Je fais confiance à mon vétérinaire, qui possède plusieurs années d’expertise dans le domaine, contrairement à ces modérateurs autoproclamés spécialistes qui semblent ignorer les recommandations professionnelles en matière de santé animale. Même les articles scientifiques que j'ai pris la peine de leur partager sur le sujet étaient accueilli avec méfiance car ils ne correspondaient pas à leur vision personnelle.
Aujourd’hui, chaque commentaire que je fais dans ces groupes est scruté de près, car mes prises de position sur les informations erronées partagées par certains modérateurs semblent déranger. Il est devenu difficile de participer librement aux discussions, car toute intervention qui ne correspond pas à la norme imposée par ces groupes est systématiquement remise en question.

Comentarios