L'hypospadias: une malformation souvent confondue avec l'hermaphrodisme

L'hypospadias est une anomalie congénitale rare mais significative chez les lapins. Cette malformation, qui affecte l'appareil urogénital, est parfois mal comprise, même par certains vétérinaires. II arrive que des cas d'hypospadias soient confondus à tort avec l'hermaphrodisme, ce qui peut entraîner des erreurs de diagnostic et de gestion.

L'hypospadias est une malformation du pénis et de l'urètre qui entraîne une ouverture anormale de l'urètre sur la face inférieure du pénis ou même au niveau du périnée, plutôt qu'à l'extrémité du gland. Cette anomalie est bien documentée chez l'humain et certaines espèces animales domestiques (notamment les chiens et les chats), mais elle est beaucoup plus rare chez les lapins, ce qui peut expliquer en partie pourquoi elle est si souvent mal diagnostiquée.

Chez un lapin atteint d'hypospadias, l'urine peut s'écouler par une ouverture située en dessous du pénis ou plus proche de la base du corps, ce qui entraîne souvent des problèmes d'hygiène et un risque accru d'infections urinaires. La gravité de l'affection peut varier en fonction de l'emplacement de l'ouverture anormale et de l'impact sur le fonctionnement de l'appareil urinaire

Certains vétérinaires, en particulier ceux qui ne sont pas spécialisés en médecine des petits mammifères ou en reproduction, peuvent confondre un cas d'hypospadias avec une condition intersexuelle, comme l'hermaphrodisme (présence simultanée de tissus ovariens et testiculaires fonctionnels). Cette confusion est due à plusieurs facteurs :

1. Aspect atypique des organes génitaux

Chez un lapin mâle atteint d'hypospadias, l'ouverture anormale de l'urètre et l'aspect modifié du pénis peuvent donner l'illusion d'une anatomie ambiguë. De plus, si les testicules ne sont pas facilement palpables (cas fréquent chez les jeunes lapins ou les races naines), cela peut renforcer l'hypothèse erronée d'un hermaphrodisme.

2. Présence d'un prépuce ou d'un pénis sous-développé

Certains cas d'hypospadias s'accompagnent d'un développement incomplet des structures génitales externes, ce qui peut encore compliquer l'identification correcte du sexe.

3. Confusion avec d'autres malformations génitales

D'autres anomalies congénitales, comme le pseudo-hermaphrodisme (où un lapin a des organes internes d'un sexe mais une apparence externe ambiguë), peuvent être confondues avec l'hypospadias, surtout si un examen approfondi n'est pas effectué.

Diagnostic

L'examen clinique approfondi est essentiel pour distinguer l'hypospadias d'une condition intersexuelle. Un vétérinaire compétent en médecine des lagomorphes peut utiliser plusieurs approches diagnostiques :

Examen physique :

Identification de l'ouverture urétrale anormale et évaluation des structures génitales.

Échographie ou radiographie :

Permet d'examiner l'appareil reproducteur interne et de confirmer la présence de testicules ou d'ovaires.

Cytologie et tests hormonaux :

Dans certains cas, des analyses peuvent être nécessaires pour exclure un désordre intersexuel.

Conséquences et traitement

Le traitement de l'hypospadias dépend de la gravité de l'anomalie :

Cas légers:

Certains lapins vivent sans complications majeures, à condition d'être surveillés pour éviter les infections urinaires.

Cas modérés à sévères :

Une intervention chirurgicale peut être envisagée pour corriger l'anomalie ou faciliter l'évacuation de l'urine. Toutefois, ces chirurgies sont complexes et doivent être réalisées par un vétérinaire expérimenté en chirurgie des NAC (nouveaux animaux de compagnie).

Surveillance accrue :

Les propriétaires doivent veiller à une hygiène stricte pour minimiser les risques d'infections urinaires ou cutanées dues à l'exposition prolongée à l'urine.

L'hypospadias étant une malformation congénitale, il est essentiel que les éleveurs prennent des précautions rigoureuses pour éviter sa transmission. Même si les mécanismes génétiques exacts ne sont pas encore totalement élucidés, il est probable que l'hypospadias ait une composante héréditaire.

Pourquoi exclure les porteurs ?

Risque de transmission aux générations futures:

Même si un lapin atteint d'hypospadias peut parfois vivre relativement normalement, il ne devrait jamais être reproduit. Laisser des porteurs dans une lignée peut favoriser l'apparition de la malformation dans la descendance.

Problèmes de santé et bien-être animal :

Les lapins atteints d'hypospadias sont plus sujets aux infections urinaires et autres complications, ce qui peut réduire leur qualité de vie et entraîner des frais vétérinaires élevés.

Maintien des standards de race :

En exposition, l'hypospadias est une disqualification immédiate. Tout lapin présentant cette anomalie ne peut pas être montré en concours, ce qui est un critère important pour les éleveurs soucieux de la conformité aux standards

Comment prévenir cette anomalie en élevage ?

Sélection rigoureuse des reproducteurs :

Éviter d'utiliser des lapins ayant des antécédents d'hypospadias ou issus de lignées présentant des malformations génitales.

Examen approfondi des jeunes lapins :

Une inspection minutieuse des organes génitaux dès le plus jeune âge permet de détecter l'hypospadias et d'exclure les sujets atteints de la reproduction.

Suivi des lignées et traçabilité génétique :

Garder un registre précis des pedigrees et des problèmes de santé au sein des lignées permet de limiter les risques de transmission de cette malformation.

La confusion entre l'hypospadias et l'hermaphrodisme chez le lapin peut avoir des conséquences importantes. Un diagnostic erroné peut entraîner une stérilisation inutile, des traitements hormonaux inappropriés ou une prise en charge inadéquate des risques sanitaires liés à l'anomalie urétrale.

En élevage, la sélection rigoureuse des reproducteurs est primordiale pour éviter la propagation de cette anomalie et préserver la santé des lignées. L'éducation des éleveurs et des vétérinaires est essentielle pour améliorer la reconnaissance de cette condition et garantir une prise en charge adaptée des lapins concernés.