Le développement inégal des fœtus chez la lapine: Comprendre le phénomène des «runts»

Chez les lapins, les portées comptent souvent plusieurs petits, mais tous ne naissent pas avec les mêmes chances de survie. Un phénomène bien connu des éleveurs est la présence de « runts », ces lapereaux plus petits et plus faibles que leurs frères et sœurs. Ce phénomène trouve en partie son explication dans l'anatomie particulière de l'utérus de la lapine et les variations de développement fœtal in utero.

L'utérus bicorne : une particularité des lagomorphes

Les lapines, comme de nombreux mammifères, possèdent un utérus bicorne, c'est-à-dire un utérus divisé en deux cornes distinctes. Chaque corne est reliée à un ovaire et peut contenir plusieurs embryons en développement. Cette structure anatomique permet aux lapines d'avoir de grandes portées, mais entraîne aussi des différences dans l'accès aux ressources vitales pour les fœtus en fonction de leur position dans l'utérus.

Le positionnement des fœtus et son impact sur leur développement

Tous les embryons ne sont pas placés de manière égale au sein des cornes utérines. On distingue deux zones principales :

• L'extrémité ovarienne (proche des ovaires)

  
  

• L'extrémité vaginale (proche du col de l'utérus)

Les fœtus situés près des ovaires sont souvent mieux nourris et oxygénés, car ils reçoivent un meilleur apport sanguin via les artères utérines. Ces fœtus sont qualifiés de « favorisés » et se développent normalement.

En revanche, les fœtus situés plus près du col de l'utérus (à l'extrémité vaginale) reçoivent un apport en nutriments et en oxygène moins optimal. Cela peut entraîner un retard de croissance intra-utérin (IUGR, Intrauterine Growth Restriction), faisant de ces lapereaux des « runts » à la naissance.

Conséquences à la naissance et après

Les lapereaux affectés par un retard de croissance intra-utérin présentent souvent :

Un poids plus faible à la naissance

Une vitalité réduite (moins de réserves énergétiques)

Un risque accru de mortalité néonatale

Un retard de croissance post-natal (difficulté à rattraper le poids des autres)

Cependant, tous les runts ne sont pas condamnés. Avec des soins adaptés, un accès facilité au lait maternel et parfois un soutien nutritionnel, certains peuvent rattraper leur retard et atteindre une taille normale à l'âge adulte.

Facteurs aggravants et considérations d'élevage

Outre la position dans l'utérus, plusieurs autres facteurs peuvent influencer la présence de runts dans une portée :

• L'âge et la santé de la mère : Les jeunes lapines ou celles en mauvaise condition physique ont souvent des portées moins homogènes.

La taille de la portée: Plus il y a de fœtus, plus la compétition pour les nutriments est forte.

Le stress maternel : Un stress important durant la gestation peut perturber la circulation sanguine et affecter le développement des fœtus.

Les éleveurs doivent donc veiller à fournir aux lapines gestantes une alimentation équilibrée et un environnement calme pour maximiser les chances de développement harmonieux des fœtus.

Les éleveurs doivent donc veiller à fournir aux lapines gestantes une alimentation équilibrée et un environnement calme pour maximiser les chances de développement harmonieux des fœtus.

Conclusion

Le phénomène des runts chez le lapin est un résultat direct de l'organisation anatomique de l'utérus bicorne et de la répartition inégale des ressources in utero. Bien que certains lapereaux naissent avec un désavantage, une attention particulière peut leur permettre de surmonter ce handicap initial. Une bonne gestion de la gestation et des soins post-natals sont donc essentiels pour optimiser la survie et la croissance des petits, même ceux qui partent avec un retard.