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Rétrognathie, prognathie, arcades divergentes : comprendre ce que les éleveurs doivent surveiller

  • Photo du rédacteur: Clapier Des Lucioles
    Clapier Des Lucioles
  • il y a 7 heures
  • 3 min de lecture

Chez le lapin, la dentition repose sur un équilibre anatomique très fin. Une mâchoire légèrement décalée ou un défaut d’alignement des arcades peut ne pas se voir à la naissance, mais provoquer, avec le temps, une usure anormale des dents. Ces problèmes, parfois qualifiés de « malocclusions d’origine génétique », sont en réalité souvent le résultat d’un déséquilibre structurel minime mais persistant, transmis par certains reproducteurs.


Comprendre les différents types d’anomalies dento-maxillaires permet aux éleveurs sérieux de détecter, prévenir et écarter les lignées à risque, même si elles semblent « belles » au premier regard.





Une mâchoire qui s’imbrique : l’équilibre essentiel



Chez le lapin, les dents ne s’arrêtent jamais de pousser. Pour que leur usure soit normale, il faut non seulement une alimentation adaptée, mais aussi une occlusion correcte : c’est-à-dire un bon contact entre les dents supérieures et inférieures, autant au niveau des incisives que des molaires.


La moindre anomalie d’alignement peut empêcher ce frottement naturel et entraîner une pousse excessive, des pointes dentaires, voire une perte d’appétit et des abcès.





Trois anomalies fréquentes à surveiller en élevage




1.

Rétrognathie

(prognathisme inverse)



La mandibule (mâchoire inférieure) est trop courte par rapport au maxillaire. Résultat :


  • Les incisives inférieures sont en arrière des supérieures ;

  • Elles ne touchent plus correctement les dents opposées ;

  • Elles poussent en spirale ou percent le palais.



C’est l’anomalie la plus fréquente chez les jeunes lapins issus de sélections pour un crâne rond ou un nez court. On la détecte souvent avant 12 semaines si l’on surveille bien la courbure des incisives.



2.

Prognathie

(mâchoire inférieure trop longue)



Ici, c’est l’inverse :


  • La mandibule est trop avancée ;

  • Les incisives inférieures dépassent par l’avant ;

  • Elles ne rencontrent plus correctement les incisives supérieures.



Ce type d’occlusion, moins fréquent, se voit parfois dans certaines lignées où le museau est très étroit ou si les mâchoires sont longues et fines (phénotype « levretté »).



3.

Arcades divergentes (ou non parallèles)



Même si la longueur des mâchoires est correcte, un décalage latéral des arcades dentaires peut empêcher le frottement uniforme des molaires.


Conséquences :


  • Formation de pointes dentaires sur la langue ou vers les joues ;

  • Douleurs chroniques et mastication unilatérale ;

  • Difficultés à diagnostiquer chez un jeune, car les incisives sont droites.



Ce type de malocclusion est souvent héréditaire mais peut ne se révéler qu’à l’adolescence ou l’âge adulte.





Ce que l’éleveur peut (et doit) faire




Observer précocement



  • Vérification de l’occlusion des incisives dès 6 à 8 semaines ;

  • Surveillance des asymétries de tête ou des museaux très courts ;

  • Palpation douce des joues pour détecter un début de spicules (chez les sujets de 3 mois et plus).




Photographier les profils



Photographier les profils des jeunes de façon standardisée aide à repérer :


  • des mâchoires inférieures raccourcies ou allongées ;

  • une inclinaison anormale du nez ;

  • une disproportion crâne/museau.




Évaluer la conformation de la tête



Certaines formes de tête favorisent les défauts :


  • Museau trop court (compacté dans les lignées « baby face ») ;

  • Crâne trop large par rapport à la mâchoire ;

  • Front proéminent avec mâchoire reculée.




Éliminer les reproducteurs à risque



Même si l’anomalie ne gêne pas visiblement l’animal, il est crucial d’écarter de la reproduction :


  • les sujets avec malocclusion confirmée (radiographie ou coupe régulière nécessaire) ;

  • les lapins issus de deux parents ayant produit plusieurs descendants malocclus ;

  • les lapins chez qui une légère malformation est présente mais stabilisée artificiellement par l’alimentation (foin, granulés très fibreux).






Pourquoi c’est crucial



Les malocclusions ne sont pas de simples défauts cosmétiques : ce sont des anomalies chroniques, douloureuses et coûteuses à gérer pour les familles adoptantes. Elles nuisent également à la crédibilité de l’éleveur et à la santé de la race.


Un lapin avec malocclusion a besoin :


  • de tailles dentaires régulières chez le vétérinaire ;

  • parfois de coupe ou extraction des dents ;

  • de soins quotidiens, et parfois d’une alimentation adaptée à vie.






Conclusion



Chez le lapin, de petits écarts dans l’alignement des mâchoires peuvent avoir de grandes conséquences. Un éleveur rigoureux ne se fie pas seulement à l’apparence extérieure : il observe, compare, sélectionne avec prudence. La beauté d’un animal ne vaut rien si elle est obtenue au prix d’une douleur chronique invisible.


Préserver la santé bucco-dentaire des lapins commence bien avant leur naissance : dans les décisions de sélection.


 
 
 

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